Le numérique est un des sujets prioritaires de l’exécutif depuis 2013 et ce ne sont pas moins de 3 ministères qui ont mandaté Philippe Lemoine pour trouver les leviers de la transformation numérique de la France.
Ses recommandations sont depuis le 7 novembre dans les mains d’Axelle Lemaire, la Chief Digital Officer de la France, qui, éclairée du rapport attendu du Conseil National du Numérique, projette de plancher sur un projet de loi numérique.
La lecture des 328 pages de ce rapport permet de bien se rendre compte du nombre et de la nature des recommandations. En guise de digest, voici les 8 points qui nous ont marqué et vont dans le sens d’une bonne Gouvernance Digitale (ou numérique) :
1. Un rapport triplement sponsorisé : On trouve les sceaux des Ministère de l’Économie, du Redressement Productif et du Ministère délégué en charge des PME, de l’Innovation et de l’Économie Numérique sur l’ordre de mission envoyé à Philippe Lemoine en février 2013.
9 mois après, les ministres ne sont plus les mêmes mais un tel triple parrainage augure une vraie prise en compte et, espérons-le, la mise en œuvre rapide des actions recommandées.
2. Une vaste lettre de mission : En janvier 2014, les 3 sponsors se fixent comme objectif que « l’ensemble des acteurs économiques et sociaux anticipent les bouleversements et s’approprient pleinement les nouveaux modèles économiques permis par le numérique ».
Ils chargent donc Philippe Lemoine de faire des recommandations à destinations des acteurs économiques et des acteurs publics pour non seulement accélérer la transformation de l’économie française mais également placer la France en tête des nations dans le domaine !
En mars 2014, le ministre en charge de la réforme de l’État ajoute une question à la liste, celle de la transformation numérique de la puissance publique.
3. Un rapporteur d’expérience : Philippe Lemoine n’est pas seulement le président de LaSer et l’ancien patron de Monoprix et du Groupe Galeries Lafayette, il dirige également la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), le Forum d’Action Modernités (FAM), et est l’un des pères de la Loi Informatique et Libertés, le héraut de l’innovation et un grand spécialiste des nouvelles technologies.
4. Une méthodologie résolument basée sur le collaboratif : La lettre de mission suggère une approche par secteur, assortie de concertations publiques et met à disposition des ressources publiques comme le Conseil National du Numérique, le Conseil National de l’industrie, les Directions Générales du Trésor, de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services.
Philippe Lemoine et ses équipes ont interrogé plus de 500 experts, animé des ateliers de co-construction sectoriels, organisé des débats et mené des enquêtes.
Enfin, depuis sa publication, il est possible de consulter et de commenter les conclusions du rapport via l’outil collaboratif Stample, prolongeant ainsi les débats et les ouvrant au grand public.
5. Une typologie de la transformation numérique : Philippe Lemoine et ses équipes ont dressé un mapping des principaux effets de la révolution numérique :
Automatisation
- Productivité du capital
- Productivité du travail
- Productivité de l’énergie et des matières premières
Dématérialisation
- Baisse des coûts de production
- Baisse des coûts de transaction
- Apparition de nouveaux canaux de communication et de distribution
Désintermédiation / ré-intermédiation
- Nouveaux actifs issus des données
- Nouveau rôle joué par les personnes
6. Une vision très optimisme : Quand on parle de transformation numérique de la France, on se pose nécessairement la question de l’état de la France dans ce domaine : où en est-elle ?
Philippe Lemoine défend la position selon laquelle la France n’est pas en retard et ajoute que la transformation numérique en France présente plus d’opportunités que de risques :
- Les usages des Français face aux outils numériques sont totalement comparables aux plus évolués.
- L’ancienneté des débats autour du numérique dans l’Hexagone montre la maturité et la crédibilité du pays, notamment sur les questions, tellement actuelles, de la protection des données personnelles !
- La nature du tissu économique français, composé en majorité de petites et moyennes entreprises, est un formidable terreau d’innovation et de croissance notamment dans le secteur du numérique.
Ces opportunités représentent les ingrédients du succès mais pas le succès en lui-même. Des politiques fortes devront être mises en œuvre pour consolider les positions et optimiser les positions de la France.
7. Un rapport résolument tourné vers l’action : Le rapport plaide pour une transformation numérique de trois ordres :
- Rapide : 9 projets emblématiques qui peuvent être déployés immédiatement et qui illustrent les 8 principaux effets de la transformation numérique
- Globale : 53 mesures transversales à lancer à court terme
- Durable : 118 recommandations pour nourrir le plan d’actions de l’exécutif sur 3 ans. 85 sont sectorielles et visent la performance, 33 sont des projets transverses, autant de leviers pour transformer durablement l’économie française.
8. Des recommandations en vue d’un projet de loi numérique : suite au séminaire gouvernemental sur le numérique en 2013, deux rapports ont été commandés qui doivent nourrir et guider les réflexions en vue d’un projet de loi sur le numérique notamment lors de la conférence « Le Web » qui aura lieu ce mois de décembre.
De tous temps, les dirigeants de la France ont commandé des rapports à des spécialistes qui ont en retour souvent livré les stratégies et les plans d’actions qui s’imposent mais qui, in fine, ne sont que peu mis en œuvre.
Les révolutions sont des catalyseurs très efficaces quand il s’agit de décider d’évoluer, « de transformer », la Révolution française en est un exemple. La révolution numérique a débuté, l’économie française est profondément impactée, il est donc indispensable de prendre en compte les conclusions et de mettre en œuvre les actions recommandées par ceux qui connaissent le numérique.